Tableau de Pablo Picasso : Joueur de flûte et femme nue, 1970.
En ce temps-là, on avait perdu la notion du temps. On avait aussi perdu la notion des valeurs, surtout des valeurs humaines.
Dans ce monde en dessus dessous, une personne avait gardé la tête froide, une étincelle de sagesse.
Dans ce monde détruit, l’hypertechnicité avait fait imploser notre société au bord du chaos.
Dans un coin de son antre, une usine désaffectée, un beau matin, elle retrouva sa flûte sur une pierre. Il y avait bien longtemps qu'elle n'en jouait plus, il y avait bien longtemps qu'elle ne chantait plus.
À la vue de cette vieille flûte, une joie immense l'envahit. Elle l’a pris dans ses mains avec une vive émotion et porta le bec à sa bouche. À cet instant un phénomène fantastique se produisit.
Ses lèvres se firent douces, ses doigts souples et elle sortit de l'instrument une musique enchanteresse.
Débordant de joie, elle sortit pour en faire profiter les autres, les animaux, les plantes, les fleurs, les arbres, la mer, des océans, les montagnes et les hommes.
Les animaux qui depuis longtemps restaient terrés dans leurs tanières, s'ouvrirent au monde. Les plantes et les fleurs, qui depuis longtemps, refusaient de fleurir et de s'épanouir se mirent à briller de mille éclats. Les arbres étendirent leurs bras, les mers et les océans se remirent en tempête, les montagnes acceptèrent de remettre leur manteau blanc.
Une femme s'approcha pour écouter de plus près cette musique envoûtante, pour s’offrir à elle, faire l'amour avec elle.
Enfin, les hommes déverrouillèrent leur cadenas, sortir de leur huis clos et on vit flotter tout autour de notre joueur de flûte les clés des maisons qui s’ouvraient.
Le monde devenait un peu plus respirable.
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