BUSH II,
Les Américains viennent de réélire Bush, au grand dam des européens. Mais ces derniers, au lieu de se lamenter et de pleurer, ou bien encore, dans un complexe de supériorité, de considérer l'Américain moyen comme un imbécile et un inculte, feraient mieux de se demander : pourquoi et comment les Américains en sont arrivés à privilégier les valeurs morales même au détriment de la plus élémentaire rationalité économique.
En effet, depuis quatre ans et l'élection de Bush, les inégalités à nouveau se sont creusées, les riches sont encore plus riches et les pauvres encore un peu plus pauvres et malgré cette situation la gauche américaine, les démocrates, n'arrivent pas à capter le vote des plus déshérités. Pourquoi, les plus démunis ne se retrouvent-ils pas dans une politique démocrate ?
Pourtant, ils pourraient faire l'élection présidentielle, et voter pour le candidat qui leur est le plus favorable sur le plan économique : protection sociale, politique de réduction des déficits...voteraient-ils contre leurs intérêts ?
La réponse est non. L'Américain "moyen", de base, sait que les intérêts que défendent les politiques, qu'ils soient républicains ou démocrates, sont pour l'essentiel très éloignés de leurs préoccupations quotidiennes et de leurs besoins. Ils savent très bien, que les correctifs économiques et sociaux ,d'une politique démocrate, n'apporterait que des changements à la marge, qui en aucun cas, ne modifierait en profondeur le système néolibéral actuel.
En outre, on peut s'interroger sur le fonctionnement même de la démocratie aux États-Unis, et plus globalement sur les démocraties en général. En l'an 2000, c'est le candidat qui obtint le nombre de voies le plus faible qui fut élu président des États-Unis. Peut-on véritablement parler de suffrage universel lorsque celui-ci est indirect, et que ce sont de grands électeurs qui votent, nomment, au final, le président, aboutisant à élire le perdant !
Autre phénomène «démocratique » qui interpelle est, de constater que parmi les 50 % des électeurs qui s'abstiennent aux États-Unis, une écrasante majorité sont issus des classes sociales les plus défavorisés et les moins intégrés socialement.
D'autre part, un homme noir sur trois en age de voter a perdu ses droits. Aux États-Unis on peut perdre ses droits civiques pour de petits délits et les classes les plus fragiles sont évidemment beaucoup plus exposés : c'est une sorte de double peine qui s'applique à eux. Plus généralement, je parlerai de régime censitaire concernant ce pays. Peut-on véritablement parler de démocratie là où la censure sévit régulièrement et massivement.
Les démocraties européennes peuvent également balayer devant leur porte et s'interroger. Nos démocraties indirectes, basées sur la représentation, posent bien des questions. Le fait que nos représentants ne soient pas soumis au mandat impératif une fois élus, ne transforme-t-il pas nos édiles en simples représentants commerciaux, qui une fois le quidam appâté et le contrat signé, autrement dit l'élection finie, s'empressent d'oublier les promesses tenues et de déroger, souvent avec brio, au contrat moral passé avec le peuple.
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